Basile Hantan
Artiste Plasticien , Peintre et Sculpteur à Cotonou Benin
Mother Africa (Marché de Danktopa)
Afrique et Sida
I) Une Nouvelle Donne ?
L'attention internationale se porte sur la Sierra Léone , sur la reprise du conflit entre Ethiopie et Erythrée , sur les doutes et incertitudes en Cote d'Ivoire , sur les otages aux Philippines etc .Elle devrait aussi etre attentive aux mouvements des Pharmaceutiques Multinationales là où on les attends le moins : l'humanitaire : l'idée qu'elles s'en font , les intérets et les tractations avec les gouvernements ou leur entourage qu'elles manipulent avec autant de brio que n'importe quelle compagnie petrolière .
1) premier fait
le 11mai 2000 les cinq plus grands laboratoires pharmaceutiques mondiaux impliqués dans la lutte contre le Sida ont annoncé sous l'égide de l'Onusida ( peter Piot directeur ) une baisse importante de prix des molécules anti-VIH .
Il s'agit des laboratoires suivants : Boeringer Ingelheim , Bristol-Meyers Squibb , Glaxo Wellcome , Merck and Co, F.Hoffmann La Roche .
Ceci constitue une première depuis le début de l'Épidémie qui a déja fait 16 millions de morts dans le monde .la mise à disposition du premier médicament - molécule recyclée - efficace dans cette pandémie : l'AZT date de 1986 ( Burroughts wellcome au depart puis Glaxo )
la formulation de l'AZT (comme la DDI etc ) a été élaborée par Horwitz ( entre 1960 et 1964 ) rachetée par Burroughts Wellcome ( devenu en suite GLAXO ) délaissée pendant des années avant qu'un article de l'institut M PLank ( Allemagne ) ne souligne son possible intéret théorique sur le materiel génétique et donc dans les maladies dysimmunitaires .
l' AZT au depart a éte mis sur le marché USA au prix initial exorbitant de 10.000 usd/an
avant les premières interventions - décisives - des associations du " Gay cancer " ainsi que les
violentes manifestations à Wall Street , t les auditions au Congrès Americain , au delà du jugement
favorable à la firme par l'état de Caroline du Nord ( protection de la propriete intellectuelle déja )
l'Onusida recense à fin 1999 23.300.000 personnes touchées dans l'Afrique subsaharienne dont 13.700.000 morts depuis le début de la pandémie contre 220.000 personnes touchées en Afrique du Nord et Moyen Orient ( 70.000 morts )
En Afrique Subsaharienne se concentre 70% de la population mondiale contaminée .
l'Afrique Subsaharienne est donc la première victime , devant l'Asie du Sud .
Contrairement à certaines idées , Cette épidémie est massivement héterosexuelle : au Botswana 31% des adolescentes de 15 à 19 ans sont infectées par le virus sur les 35.8 % de la population totale touchée . au Malawi un enseignant sur trois est séropositif .L'Afrique du Sud est le pays au monde qui compte le plus grand nombre de personnes touchées : 4,2 millions de Sud Africains vivent avecle HIV dont 18% par exemple des agents dela compagnie d'electricité Eskom .en Namibie entre 1994 et 1997 le nombre des orphelins a été multiplié par 4 et 20% de la population adulte est également infectée.
45% des accouchées de Harare ( Zimbabwe) sont séropositives , le Sida tue dans ce pays 1700 personnes par semaine.
Le Bénin avec un taux de 3.68% ( en augmentation ) fait donc - si on peut dire - bonne figure , comparé à ses voisins Togolais , Nigérians, Ivoiriens. Mais les migrations sont faciles et le Bénin est une terre d'accueil d'où une vigilance supérieure.nécessaire .
Sur le terrain , pratiquement tous les pays ont des équipes locales - pour ne pas parler du seul humanitaire international:- Elles se heurtent toutes aux mêmes difficultés : d'un coté faire passer les messages de prévention , sortir les gens de leur isolement , lutter donc contre cette exclusion , le silence et de l'autre côté la même difficulté générale à se faire réellement entendre des pouvoirs publics , par des décisions concrètes, notammment sur les soins .
Car la Santé a deux jambes: la Prévention et le Traitement .
Elles obtiennent cependant des résultats : Au Mali le Sida est reconnue comme maladie sociale , au Burundi elles ont obtenu une baisse géneralisée des tarifs douaniers sur les produits anti-VIH , en Cote d'Ivoire le programme initié par le FSTI ( accès aux tritherapies initié par B Kouchner ) démarre peu à peu sous leur contrôle , au Bénin débute un programme Mère - Enfant géré localement
Ce fait n'est pas spécifiquement Africain , mais général : Les gouvernements à peu près partout ne se sont ouverts qu' avec retard à ces problèmes de Santé publique quelquefois sous la pression de scandales ( en France , sang contaminé ) et/ou surtout sous la pression d'associations fortes et déterminées .
Les Médias ont aussi -avec retard -fortement pesés sur les décisions publiques.
Les pouvoirs publics au Bénin mènent une politique active de prévention , bien relayée par les acteurs médico sociaux , les médias : reste le problème crucial des soins et là on retombe dans le cas de figure habituel :
le coût démesuré par rapport aux ressources .
165 millions de dollars sont dépensés actuellement en Afrique pour la seule prévention dans le même temps les pays riches consacrent 3 milliards de dollars par an pour le traitement de la maladie.
Combien en Afrique ?
Le Sénegal - jusqu'alors un des taux les plus bas ( 1% officiellement - mais selon certaines sources non gouvernementales - autour de 3% ) est-il en train de rattraper le taux Béninois , tourisme aidant,
Et le yovo n'est pas toujours blanc dans la propagation ...
ou bien au contraire inverse t 'il la tendance ?
officiellement oui. : attendons , car il ya - comme en Uganda où la décrue est certaine - une réelle efficacité : prévention , dépistage , programme de traitement.
Rappelons qu'en France - comme en Europe - après une période d'accalmie , on observe actuellement une augmentation de séropositvités ( 12 cas nouveaux par jour ) qui nécessite un rappel de vigilance.
Si au départ la communauté homosexuelle a été particulièrement étudiée , c'est qu'elle était assez homogéne donc plus facile à analyser. Ce temps est depuis longtemps dépassé sans que ne cessent les rumeurs sur le virus , sa propagation .
Un best seller circule actuellement ( mai 2000), aux États Unis sur le rôle possible d'une contamination lors de la préparation de vaccins anti polio à partir de cultures animales, particulièrement au Congo et régions limitrophes.
Ce fait , plausible , a été officiellement démenti mais a néammoins declenché une enquéte dans plusieurs laboratoires : l'enquete est toujours en cours .
Sans entrer dans cette polémique , on sait cependant qu'une épidémie est toujours Multifactorielle.
Le président Sud Africain , thabo Mbeki s'est fait le chantre de peter Duisberg et et david Rasnick ( US )
et de leurs doutes quant à la réalité virale de la maladie , thème qui trouve trop d'echos en Afrique pour des
raisons culturelles , pour des raisons aussi de facilité.
-Il a scientifiquement tort : la causalité VIH et Sida est clairement prouvée .
-il a humainement raison sur le contexte : violences sociales et sexuelles, pauvreté croissante ,dénutrition ,
- fortes inégalités, économies délabrées , migrations de travail ou de nécessité ( Grands Lacs )
Au lieu de s'enfermer dans une fausse querelle , il faut ouvrir grands les yeux sur ce contexte qu'il dénonce.
Même si cela dérange les Scientifiques
Et les Africains ...
Le prix mensuel d'une trithérapie est estimée autour de 1300 dollars par personne.
Le budget moyen annuel disponible pour chaque malade en afrique anglophone varie entre 3 et 15 dollars hors Rwanda ( 28 dollars )
Le but de l'Onusida est d'arriver à un coût moyen annuel de 1500 à 2000 dollars au lieu de 10.000 dollars, moyenne actuelle retenue.
Cette moyenne parait sous évaluée par certains observateurs, tous traitements confondus ( Azt , antiprotéases , tritherapies , infections opportunistes, renutrition etc )
Elle concerne d'autre part uniquement les soins .
Ce but parait de toute façon surréaliste vu le budget de la Santé de chaque Pays et le niveau de Ressources exploitées et budgétisées de ces Pays .
Le budget de la Santé au Nigeria est de 3 dollars annuels par personne.
Madame Michèle Barsach , ex ministre de la Santé déleguée en France ( 86 -88) est actuellement administrateur de Glaxo :
Elle parle d'un abaissement de coût de traitement à 2 ou 3 dollars par jour
-Elle ne chiffre pas le calendrier .
- Elle ne précise pas le cadre ( Azt , bitherapie , tritherapie , affections opportunistes, etc )
- Le flou et l'incohérence actuelle ne la choquent pas.
- elle a mené pourtant en France - très courageusement - un programmme d'echanges de seringues pour la population toxicomane qui à long terme s'est révélé très positif pour cette population ( et le Budget National de la Santé, sans oublier les autre retombées socioéconomiques , dont la prise de conscience croissante et générale de cette pandémie )
Le smic au Bénin est à 250 ff par mois à ce jour ( mai 2000 ) soit - au prix moyen du dollar constaté à l'achat en France- 35 dollars maximum par mois .
Combien pour le logement ( 120 FF minimum - pas pour un carré - mais pour une " carrée " à peu près hors d'eau en saison de pluie ) plus la nourriture , l'habillement , les enfants , le transport ( l'essence a augmenté brutalement de 25% en une soirée soit de 1.75 à 2.20 FF), la scolarisation les soins courants etc
Et il y a des Pays où la situation est bien plus alarmante .
Le Congrès mondial sur le Sida se tient en juillet à Durban ( afrique du Sud ).
Bonne Occasion de remettre à plat les moyens et les objectifs .Le Conseil de Sécurité de L'ONU s'en préoccupe , la Banque Mondiale l'a enfin inscrit dans ses priorites, sans oublier l'OMS .
Il ne faut cependant pas oublier que les bénefices des Majors Pharmaceutiques- après la série réçente
d'acquisitions fusions - restent très élevés ce que reflètent le cours de leurs actions.
Ce fait est rarement abordé par les Scientifiques dont le budget de recherche est souvent équilibré par ces Multinationales .
Depuis 1993 - en dépit de courants contradictoires - on a vu les prix augmenter en 94 /95 - la lutte de plus en plus insistante des organisations internationales et des associations a amené les laboratoires à une inflexion lente de leur politique habituelle : 13% du budget pour la recherche , le double pour les actions marketing , 1200 molécules mises sur le marché entre 1975 et 1997 , 11 seulement dans le domaine anti -infectieux dont 5 issues de la recherche véterinaire.
Problème majeur : chaque laboratoire veut jouer sa partition au lieu de travailler de concert et on voit trop souvent encore les laboratoires négocier des prix différents selon les Pays pour la même molécule , avec toutes les dérives et arrangements possibles.
-Ainsi Glaxo veut mettre à disposition le combivir ( azt +antiprotéase ) à disposition des pays les plus pauvres à un chiffre minoré de 70% du prix courant et déclare mettre à disposition 2.500. 000 unités d'Azt pour les femmes enceintes.
La Bithérapie semble effectivement - d'après ce qu'on sait à ce jour et tout change vite - réaliste pour l'Afrique , combinée au traitement des affections opportunistes .
Mais pour quels Pays ? au prix de quels arrangements sur les autres molécules ?
nul ne le sait précisément encore .
-Merck lui , dresse la liste des pays où il va s'engager dans des " programmes de coopération ".
-Bristol - face à la concurrence locale - met la boite de DDI à 0,51 dollar la boite au Brésil mais à 1,27 dollars en Ouganda
-Pfizer , devant les demandes de baisse de prix en Afrique du Sud ( association TAC) du Fluconazole médicament efficace sur certaines affections opportunistes dont les méningites à Cryptocoque , préfère le mettre à disposition gratuite ( pour quelle durée ? ) pour les malades entrant dans les programmes gouvernementaux au lieu d'accepter la concurrence du Fluconazole Thaîlandais 15 fois moins cher que le sien.
-Boeringer declare un peu avant l'ouverture de la Conférence de Durban la mise à disposition " gracieuse" pendant 5 ans pour ces pays de son antiretroviral ; la névirapine , inscrite par l' Onusida sur la liste des médicaments essentiels , notamment dans la transmission Mère - Enfant.
Et aucun Laboratoire à ce jour (06/07 ) ne précise la date de la mise en oeuvre de telles mesures ,Pas plus que les États qui préconisent l'annulation de la Dette sur les programmes d'investissements Publics pour les PMA....
- On reste dans une incohérence et un assistanat contraires aux règles d'une saine économie.
- On ne peut s'empecher de penser que ces initiatives s'inscrivent dans la "lutte contre les copies "
- Voire une Démagogie de façade
Il faut donc que la baisse - qui n'est en fait qu'une normalisation - soit forte , concertée et générale sur tout le Continent .
- Et Accompagnée .
- Et que cesse la fracture dénoncée par B Kouchner :
les Médicaments au Nord , Les Malades au Sud.
Au total seuls quelques milliers de personnes seront concernées , l'objectif devant passer pour peter Piot à plusieurs centaines de milliers d'içi cinq ans .
Effort donc, mais restreint , limité , sans aucune mesure avec les bénéfices engrangés , et en ordre dispersé pour une Pandémie qui est Continentale .
Il est effectivement dificile de mesurer en temps réel mais d'après les bénefices engrangés dans les Pays Riches depuis le développement des traitements , les estimations " off" et modérées tournent autour d'un chiffre de reversion sur bénéfice voisin de 15 cents pour chaque unité vendue sans faire trop souffrir bénefices et actionnaires : soyons réaliste et restons à 10 cents : à chacun de faire le calcul en FCFA ( pour les francophones ) sans toucher surtout au budget recherche - développement ni mettre au chomage quelque employé .
-Est-il illégitime de poser la question ?
Dix cents pour une Vie :
tous les slogans sont menteurs, celui çi particulièrement , mais s'il pouvait servir au dixième d'une survie mensuelle , les laboratoires seraient les premiers gagnants ...
C'est aux Africains de poser l'Équation , pour un traitement il est vrai hypothétique mais qui fait du Sida en Europe davantage une maladie chronique qu' une urgence thérapeutique : Nul n'ignore effectivement le taux de plus en plus élevé de résistances mais ce n'est pas en distribuant 3 traitements de dix jours au lieu d'une therapie complète pour un seul Patient qu'on va solutionner ce problème, même si on a l'impression de se donner bonne conscience en " traitant " dans le même temps trois patients au lieu d'un seul.
Il est effectivement confortable de ne pas Exercer actuellement en Afrique .
2) Deuxième fait
Quinze pays d'Afrique de l'Ouest sont en passe de ratifier des accords sur le commerce international qui sur le plan sanitaire vont diminuer de fait leur marge de manoeuvre pour accéder à des médicaments tels antibiotiques et molécules anti-HIV.
Comment ?
par le jeu des droits sur la propriété intellectuelle .
Jusqu'içi les pays financièrement défavorisés pouvaient tirer partie de certains accords sur la propriété intellectuelle ( accords dit Trips ) introduits lors de la mise en place de l'OMC.
Ces accords prévoient deux dispositions en cas d'urgence sanitaire :
-fabrication locale d'une molécule ( copie ) avec royalties pour le laboratoire détenteur du brevet ( voie du Bresil et de l' Inde )
-possibilité de se fournir là où le prix est le plus avantageux (l'Inde ) et pas forcément à la maison mère.
L'inde plus que la Corée a acquis ainsi un véritable savoir faire dans ce domaine .Le Brésil la suit de près.
Pour les quinze pays concernés ( Cameroun , Congo brazzaville , Cote d'Ivoire , Gabon , Sénegal ,Bénin , Burkina Faso, RCA , Guinée Conakry , Guinée Bissau , Mali , Mauritanie , Niger ,Tchad , Togo ) les brevets sont délivrés par un office regional selon un accord de 1977 sur la propriété intellectuelle .
Une version nouvelle de cet accord a été signé en 1999 à Bangui .
Meme si le package est globalement satisfaisant ,
Cet accord global ne reprends pas les dispositifs d'exception dit Trips .
Cet accord est soumis à ratification des 15 pays et entrera en vigueur dès que le nombre des signataires aura atteint dix.
Cet accord a été inspiré par l'office mondial de la propriété intellectuelle ( OMPI ) basé à Genève , en partie financé par les industriels qui déja au Gatt de 1994 ( Marrakech ) avaient obtenu une garantie moyenne de vingt ans de production de la molécule brevetée .
cet accord ignore " l Afrique sans Droits " terra incognita et bateau ivre qui tangue au grè d'une mutuelle corruption subie , acceptée recherchée, comme une convention bi ou multi laterale " sine qua non "
Seuls donc le Brésil , l'Inde , se sont lancés dans une production autonome de molécules ( copies ) de l'Azt, antibiotiques , antiprotéases etc , sans craindre les éventuelles rétorsions internationales des labos .
l'Afrique du Sud, tête de pont de l'industrie pharmaceutique internationale ( et maintenant de la maffia russe qui prospère sur les ancients mouvements de Liberation ), à reculé alors devant les pressions américaines et européennes .
La Thailande , la Corée du Sud se sont engouffrées dans la brèche
Le Bresil poursuit sa production après un accord international sur les brevets en 97 , l'Inde et la Thaïlande aussi au moins jusqu'en 2005 , au terme d'un accord similaire.
-Le Brésil a pu diviser par cinq le prix de son programme de lutte contre le Sida qu'il finance seul et qui est gratuit pour les personnes concernées .
-Il a pu gagner un petit point de plus par la pharmacopée traditionnelle validée ( plantes , tisanes ) pour soulager les mille et une misères quotidiennes , lot des malades , en complément et non à la place des médicaments chimiques essentiels .
Une interrogation : pourquoi l'Afrique - riche en plantes médicinales pharmacologiquement validées - ne soutiendrait-elle pas dans un premier temps les quelques très rares structures locales de manufacture de ces produits naturels ? par un financement privilégié par exemple d' appareils technologiques - peu onéreux - indispensables pour une production de masse , contrôlée comme au Brésil car il n'est bien sûr pas question de retourner aux incertitudes des plantes de Dantokpa ou autres marchands ambulants, ni aux promesses charlatanesques de pseudo laboratoires sud africains et de pseudo chercheurs " bien en cours " et riches au moins - c''est certain - en maniement en du marketing , de la crédulité et de la pauvreté ambiantes mais très pauvres dans la divulgation de leurs " pseudo travaux " parrainées ou non par une maffia occidentale asiatique ou autre:
" bonheur " aussi du Nigeria , du Ghana , du Bénin , du Togo , de la Tanzanie etc
Cette Pharmacopée - bien encadré hors de tout charlatanisme mercantile , avec l'aide de tradi praticiens confirmés - n'empiète pas du tout sur les Médicaments Essentiels ,mais les complète et permet un meilleur confort de vie quotidien à bas prix d'autant que dans ce cas de figure cette aide serait strictement répercutée sur le prix des achats hospitaliers .
On connait de l'argent beaucoup plus mal plaçé, mais on connait aussi le tempérament des Pouvoirs Publics , ici comme ailleurs , très ressemblant au comportement du Chat Siamois : observateur , prédateur et conservateur.... l'Asie n'est jamais loin de l'Afrique ( et de ses Mandarins ) .
et , Paradoxe :
Il y a une culture sinon un culte - soigneusement entretenu - du Médicament Chimique Omniprésent et Tout Puissant qui surfe sur la formation et les connaissances des Médecins et des Pouvoirs Publics , trop fortement " occidentalisés " .
ce qui ne laisse que très peu de place entre le professeur émerite occidental - uniquement accessible à une petite élite - et le tradipraticien soucieux de son prochain noyé dans la masse des medications frelatrées ou inventées au grand bonheurs d'escrocs imaginatifs , copieurs ( d'emballage ) et inventifs
- Ce qui ne laisse pas de place au Médecin local correctement formé et informé
- au Pharmacien local qui faute de crédits - de part et d'autre - ne peut honorer une ordonnance correctement formulée
E t pourtant Il suffit de constater le culte " Américain " et délirant pour les complexes mega et multivitaminés dont personne n' a pu apporter la moindre preuve d'utilité , qui se vendent comme des petits pains en Afrique comme ailleurs ( et à Prix US ) et dont on se demande comment peuvent s'accommoder des foies déja passablement délabrés , pas seulement par l'alcool mais par les affections courantes , mais toujours payés rubis sur l'ongle , au détriment de medicaments eprouvés .....
Magie Blanche , quand tu nous tiens ...
En France , riche également d'une pharmacopée végétale très variée , 30% des personnes environ utilisent chaque année les plantes - connues et évaluées depuis longtemps - pour les petits maux quotidiens , soulageant d'autant le Budget national lui aussi fort malmené , évitant parfois l'excès de dépendances et de maladies iatrogènes ( dues aux médicaments ) plaie très préocccupante.
L'Afrique est - aussi - devenue accro aux Benzodiazépines ( Temesta , Lexomil , etc )
Par le contexte de misères , de guerres de stress , d'anxiétes vitales , d'exactions en tout genre où le VIOL quel qu'il soit , des corps bien sûr mais aussi des consciences tout cela ramène inexorablement à la problèmatique angoissante du Sida .
Et ce problème des Plantes Médicinales , seul accès à une " pharmacopée " pour 75% de la population africaine subsaharienne, pose surtout le problème du développement d'une véritable industrie locale pas seulement pour " la médecine verte " mais surtout pour les médicaments génériques essentiels , fait trop souvent occulté même par les adeptes d'une médecine " tout chimie " ce qui laisse l'Afrique démunie et seule avec simplement les seules ressources dont elle dispose et le desarroi des populations démunies ....
L'Accord de Bangui, tel que présenté, est vigourreusement dénoncé par MSF et par d'autres , car adopté en l'état , c'est entériner de fait un maintien de prix de dix à vingt fois supérieur pour les médicaments essentiels qui pourraient etre proposés sous forme génerique.
Le prix du Génerique découlant du prix de la molécule originale.
Meme si le package présenté est séduisant , il ne faut pas oublier cette Réalité :
Le Sida est maintenant un problème de survie Économique pour toute cette Afrique .
Le Président bill Clinton à Seattle et le président Chirac dans une missive à MSF, OMS, ONUSIDA, ont affirmé qu'il fallait encourager ces pays à appliquer les accords de l'OMC au mieux des interets de leur population.
Bill Clinton vient de plus de signer un document decrétant que le gouvernement américain ne cherchera pas à rejeter une loi ou une disposition prise par un gouvernement de l'Afrique Subsaharienne pour promouvoir l'accès aux médicaments et aux technologies médicales contre le virus du Sida .
C'est dans ce contexte qu'il faut vraiment lire les annonces des Laboratoires , contexte très ponctuel mais favorable ( Déclarations de deux importants chefs d'Etat , conférence de Durban )
On ne doit pas masquer leur réel infléchissement certes , mais aussi le pouvoir discrétionnaire que ces laboratoires conservent toujours vis à vis des pays concernés et qui devraient faire reflechir non seulement leurs Dirigeants mais l'Opinion Publique.
En dix ans le marché Mondial des médicaments a été multiplié par deux.
Or, en en 2002 on prévoit que l'Afrique et l'Asie représenteront 75% de la population mondiale mais ne disposeront que de 7% du marché des Médicaments.
Pour les laboratoires , le seul marché qui compte vraiment c'est celui des Etats -Unis , du Japon , et de l'Union Européenne , d'où l'apreté du marchandage autour de la propriété intellectuelle.
Pas plus que le poids de la la Dette , le fardeau économique de la Lutte contre ce Fléau - qui n'est pas seulement médical - mais touche tous les secteurs de la vie économique , sociale ne peut rester à la charge seule de Pays déja submergés .
Cette lutte est vitale :
La production vivrière a baissé en moyenne de 55% et l'élevage de 30% au Zimbabwe en 5 ans .
Ceci n'a rien à voir - pour le moment - avec les événements récents mais bien avec cette pandémie .
Ce pays , après l'Indépendance , a pourtant connu une croissance ( 81 -82 ) de 28% l'an environ .
La Conférence de Durban est l'occasion pour les chefs d'état concernés de se faire entendre d'une seule voix , de suivre s'il le faut , l'exemple de l'Inde et du Brésil,
et quitter l'impasse ,la fausse facilité de l'Humanitaire International , pour la voie politique de décisions concertées , imposées aux leaders de ce Marché , quitte à promouvoir une industrie commune .
La Conference de Durban est aussi le moment idéal pour que le Peuple - lettrés , paysans,ouvriers , employés tous confondus - fasse entendre sa voix et se fasse écouter de ses Dirigeants, au delà des interets de Multinationales et de quelques Lobbies Puissants .
La récente conférence d'Abuja sur - Paludisme /Hiv /Tuberculose - outre un plan réaliste sur dix ans - a mis en évidence trois faits qui s'enchainent :
- la pauvreté croissante
-la négligence persistante dans le domaine sanitaire de la majorité des pouvoirs publics de l'Afrique Subsaharienne ( et cela ne concerne pas que ces pandemies mais HÉpatites , Meningites , Rougeoles , resurgence de la Maladie du Sommeil (Trypanosomiase ) Cécités ( onchocercoses )Fiévres hemorragiques dont Ebola , Lassa etc
- le cycle infernal : manque de financement - malnutrition - maladie
Le Service de la Dettte représente au Nigéria cinq fois le budget total de la Santé:
- Comment ne pas penser qu'une telle annulation , au Nigéria comme ailleurs, permettrait la mise en oeuvre d'une politique efficace sur tous les plans ?
- Comment ne pas croire que in fine ce sera la mise à disposition gratuite et généralisée de ces molécules essentielles qui permettra - outre le dépistage qui fait actuellement si cruellement défaut - d'éviter cette fracture Nord - Sud ?
On peut esperer - qu'au contraire de la dernière conférence internationale de Lusaka - les laboratoires seront présents à Durban , tout comme les hommes politiques occidentaux et qu 'ils soutiendront de tout leur poids leurs homologues Africains , présents ou bien représentés , cette fois , on espère .
Dans ce contexte vital :
- outre une indispensable contribution financière bien maitrisée ( inutile en effet d'annuler une dette pour en créer une autre et de financer des gouffres sans visibilité ni fond )
- outre l'éradication des multiples poches profondes de corruption à tous niveaux
- il est urgent de modifier içi les règles de la propriété intellectuelle :
le profit est légitime , la mise à disposition pour tous de technologies à prix abordable tout autant et l'interet privé ne doit pas amputer l'interet collectif
Le Général de Gaulle a montré que la désobéissance pouvait etre dans des circonstances exceptionnelles un devoir civique , ce qui a permis à la France de reprendre sa place après la guerre de 39-45.
L'Afrique (plus que l'Asie du sud et de l' Est) est actuellement dans cette position .
La France va présider en juillet l' Union Européenne ( si elle existe politiquement ) : elle a donc six mois pour insuffler une nouvelle dynamique, un changement de mentalités , encore faut-il un echo , une résonance, et de bons relais .
Ceci dépasse le domaine sanitaire : le système éducatif doit également etre revu : inutile de former des bacheliers à grands frais pour alourdir une caste bureaucratique déja étouffante : l'Afrique ne manque plus à de rares exceptions près de lettrés , d'économistes , elle manque d' OS , de CAP, de BTS , d'Industries de Transformation pour exploiter elle même et au mieux ses richesses agricoles , touristiques et minières : elle manque d'un système éducatif, souple ,diversifié, accessible à tous , ainsi que devrait l'etre aussi le système de Santé.
On retrouve le problème de :
l'Auto - suffisance vivrière ( alimentaire )
du Financement - second- et des Débouchés des Produits Africains
A) Auto - Suffisance
Ceci ne concerne - mais pas seulement - même si cela est au premier plan- l'auto suffisance alimentaire condition siné qua non de la survie Africaine pa où va passer toute possibilité de developpment
" un ventre vide n'apprends pas "
MAIS UNE FOIS CE PREMIER OBJECTIF ATTEINT QUI NE PARAIT GUÈRE ETRE LA PRIORITÉ D' AUTORITÉS RETRANCHÉES DANS LEURS MINISTÈRES - BUNKERS ,AVIDES DE CES PROGRAMMMES " PRE-PAIDS " QUI COÛTENT UNE FORTUNE AVEC PEU DE RETOMBÉES LOCALES ( mais avec toutes les retombées personnelles que cela sous entend ) IL FAUT ABSOLUMENT DEVELOPPER UNE PETITE INDUSTRIE ( style filature dans les zones cotonnières , conditionnement - emballage dans les zones agricoles , enginering hydro electrique , collecte d'ordures , voieries etc ) POUR TIRER AU MIEUX PROFIT DES RESSOUCES NATURELLES SANS SE PRÉOCCUPER D'ABORD DE L'EXPORT MAIS DE LA SATISFACTION DES POPULATIONS URBAINES et RURALES ( santé , education , eau potable , electricité , telephone , assainissement etc )
B) Financement
On sait que les USA pourrait théoriquement lever une contribution de 1 milliard de dollars sans qu'aucun Américain en souffre ( étude Sachs , Harvard ) .
En pondérant ce chiffre de 30% vu la surestimation actuelle du Dollar et les incertitudes de la monnaie Américaine, L' Union Européenne pourrait - au moins sur le plan économique , là où elle est désormais quasiment auusi forte en réalité que le dollar, même en l'absence actuelle de visibilité politique réelle - lever un chiffre aussi conséquent compte tenu également de l'émergence de ces problèmes dans les ex pays de l'Est européen qui sont peu ou prou dans cette situation .
C) Débouchés
Les débouchés des produits Africains ne devraient plus connaitre les problèmes qu'ils rencontrent
- du fait de législations externes contraignantes , restrictives et imposées de fait.
-du fait aussi d'un système douanier local aussi abscons que corrompu.
En facilitant cela , bien des choses s'arrangeraient : sait t- on par exemple qu'une simple modification communautaire européenne sur la législation des matières grasses va mettre en péril les exportations de cacao des pays africains ?
Le Sommet International de Nice devrait etre aussi pour l'Europe l'occasion de reflechir non seulement sur ses propres echanges mais sur le flux importations - exportations , ses règles , ses conséquences ,
Dont l' accès aux soins , qui doit devenir la règle et non l'exception ,tout comme l'accès réel à un système éducatif adapté à tous en sachant qu'on est dans ces domaines sur le long terme .
Pour revenir au Sida on dit que beaucoup d 'Africains ne comprennent pas que le geste d'amour puisse entrainer la mort , que les malades ne veulent pas se soigner, que les médecins ne savent pas prescrire , que le médicament à une valeur symbolique différente en Afrique etc :
Il y a du vrai mais comme partout beaucoup de Masques
Ce qu'on voit de fait sur place c'est que les Africains veulent Vivre .
le cercle Pauvreté-Malnutrition -Maladie-Exclusion ne doit pas rester une Fatalité.
En 96 à Vancouver le slogan était : " one world , one hope " et puis deux ans après à Genève " Bridge the gap " et maintenant " Break the Silence " ?
Il faut sortir du non -dit
Et pour ceux qui ne se sentent pas solidaires , il ne faut pas oublier " que si on ne gagne pas la guerre au Sud - et le Sud ne peut la gagner seul - on la perdra au Nord car il y aura nécessairement un effet boomerang "
( arnaud Martin - Lavauzelle )
Alors Mourir à Venise ( ou Ailleurs ) où vivre à Durban ?
Redoutable Thriller...
QU'on va suivre avec passion mais chacun sait que dans ce genre le final est toujours ponctué de
rebondissements ....
Alain Lemoyne de Vernon
Docteur en Médecine
060000 Nice .Fr
devernon06@gmail.com