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Vincent ,  14 ans, passe ses vacances en famille  dans une  station touristique des hautes alpes .
 
  le 23 /08/2019  au cours d’une randonnée pédestre  accompagnée , il est piqué par plusieurs "guêpes  de terre "  :
à la face latérale gauche du cou  il présente plusieurs points de piqûre  avec rapidement oedème et rougeur locale ,  pas de signes généraux de malaise vagal ou de choc anaphylactique .
  Il n’ y’a pas eu  d’application de chaleur ni de pompe à venin seulement une lotion  désinfectante      et secondairement après la randonnée  le médecin consulté  prescrit antalgique et antihistamique  par voie orale 
tout rentre rapidement dans l’ordre en peu de jours , l’oedème disparaît rapidement  et les points de piqûre s’estompent ;  les vacances se terminent sans  autres problèmes .
 
le 12 septembre - après  une rentrée scolaire normale ,  brutalement  au réveil reviviscence  des points de piqûre  avec oedème latéro cervical gauche , plaques d’urticaires au cou ,  disséminées sur le haut du  corps  avec apparition de douleurs le long du membre supérieur gauche irradiant à la main .
 
la douleur se localise au 1/3 antéro externe de l’avant bras  , irradie  au 1/3 externe  de la main    avec déficit sensitif et  moteur  de l’éminence thénar, du pouce , de l’index gauches
/ parallèlement au trouble sensitif  s’installe :
une hyperesthésie  du territoire concerné remontant au 1/3 inféro externe de l’avant bras marquée par des décharges  à type de brûlures, décharges  en éclair et une hyperalgie  au toucher sur fonds de douleur modéré permanente ( 6/10 échelle d’Hamilton )
/ le  déficit moteur de ce territoire  est marqué : impossibilité   de saisir et tenir un objet type crayon .
la corticothérapie - 60 mg/ jour / 10jours prescrite en ambulatoire à l’hopital des Enfants de la ville - fait disparaitre  l’oedème local , les plaques d’urticaire mais est sans effet  sur les troubles sensitifs et moteurs .
l’ IRM cérébrale  demandée par le médecin traitant en ville   revient normale  . 
Après l’échec de la corticothérapie , la prescription  d’antalgiques divers type I ,  II , de patch à la lidocaîne ,  n’apportent aucune amélioration  notable durant le mois d’octobre , pas plus que d’autres traitements alternatifs tentés .
.les applications locales  et la pose de  patchs  augmentent  les décharges douloureuses .
 
Vincent se débrouille comme il peut avec ce tableau en multipliant la recherche de positions antalgiques :  Il continue l’école mais devient irritable et agressif  avec une   nette diminution de l’attention
et un désintérêt croissant non seulement pour les matières scolaires mais pour ses distractions habituelles .
 
la persistance et l’intensité du tableau clinique  fin octobre /2020 font envisager   l’utilisation
d’ antidépresseurs tricycliques  ( type amytriptiline ) , d’antiépileptiques (type pregabaline )  ou benzodiazepine ( type clonazépam )
 
Devant l’inquiétude de ce traitement lourd  chez un enfant par ailleurs en bonne santé , sportif , d’un  bon niveau intellectuel et scolaire, une thérapeutique par hypnose est demandée par les parents   avant de recourir à ces thérapeutiques classiques de la neuropathie périphérique .
 
Car  c’est bien de cela qu’il s’agit comme le montre les données recueillies par le médecin hypnothérapeute non neurologue.
 
EXAMEN CLINIQUE  le 31/10 /2019
 
- le DN 4 est à 7/10
/ la douleur  on l’a vu : fonds permanent ( 6/10 Hamilton ) et décharches paroxystiques en éclair, 
 
exploration de la Sensibilité :
 
hypoesthésie à anesthésie totale  aux épreuves chaud/ Froid - piqûre à l’aiguille  contrastant avec
  hyperesthesies++ à type de décharges , de brûlures  spontanées ou provoquées au contact le plus léger
  intéressant le 1/3 infero externe de l’avant bras , l’éminence thénar , le pouce , l’index  gauches
 
/ la  Motricité 
 
impossibilité de flexion  et de préhension pouce/ index , index , incapables de  se déplier
main bloquée en demi flexion antalgique
reflexes stylo radial aboli ( racine C6)
pas de troubles trophiques cutanés  ni de troubles  neuro végétatifs .
les traces cutanées latérales du cou à ce stade sont estompées  mais on note 3 point d’entrées encore bien visibles  sans troubles cliniques relevés  à la face : pas de parésie ni déformation .
 
biologie sans particularité avec disparition de l’élément inflammatoire  -CRP basse  à 0,2mg/L-
et IGE spécifique  de venin  de guêpe (vespula)  faiblement positive  à 0,23 KUA/L
pas d’’EMG demandée devant le tableau clinique évident 
 
irritabilité et troubles de l’attention  nets  sommeil agité avec eveils doumoureux fréquents .
 

donc tableau d’une neuropathie périphérique -  içi mononeuropathie du nerf radial à la main - secondaire à un envenimement  par piqûre de d’hyménoptére  (guêpe  de terre )
 

ce tableau  est  connu mais assez rarement rapporté dans la littérature .
 
MECANISME SOMMAIRE 
 
le venin  a provoqué  la libération  d’ une "bouillie "inflammatoire  de cytokines diverses   provoquant  l’oedème local avec en même temps le  déclenchement   du  circuit habituel de la douleur  , de la périphérie lésée  aux centres cérébraux en passant par la moelle épinière avec mise en jeu des mécanismes régulateurs à chaque étage .
Ces processus   ont bien fonctionné dans un premier temps  car inflammation  locale + douleur ont disparu rapidement dans un premier temps   sous antihistaminique et antalgique type I mais avec une rémanence  latente des processus  d'hyperstimulation  des nocicepteurs  amenant  au tableau clinique  secondaire :
celui d’une  mononévrite distale tardive   avec principalement  altération  des fibres sensitives et motrices  du nerf radial  sans participation neuro végétative  .
 
le mécanisme physiopathologique  détaillé de cette neuropathie post enveniment semble encore assez mal élucidé .
 
ENTRETIEN PRÉALABLE  08/11
A)
on fait le point des principales plaintes   :
sensibilité / anesthésie locale au toucher du territoire concerné
douleur /  on lui demande de fermer les yeux et de  donner une couleur à l’intensité de la douleur  il répond   rouge
motricité    et gestuelle /   on place un crayon entre les doigts  : coté sain et coté malade  :
il tombe  et ne peut le ramasser coté malade
 
  B)
on / explique comment on va tenter d’y remédier lors d’entretiens   et on lui explique de façon simple  ce qui va se passer
d’abord on “ démythifie :” le terme  hypnose :
“ ce n’est pas un sommeil plein de rêverie  ,
  c’est un éveil à la connaissance de  certaines capacités  que tu as en toi ,  et que tu ignores :
Elles  pourront  - dans le meilleur des cas-   te permettre  de trouver une solution à cette mauvaise passe que tu traverses , c’est une clé que toi  seul peut  trouver  et qui t’ouvriras  la boite de  tes problèmes si tu arrives à la mettre dans la bonne  serrure , et au travers  de  l’histoire que je vais te conter , tu pourras la trouver, peut étre  la fabriquer  ou pas “
Vincent suit avec attention  et intérêt :
“ ton cerveau est comme un moteur  au garage , on le met sur sur stop , on ouvre le capot  et on regarde l’intérieur , tu  réarrange ce qui parait anormal , tu redémarre  comme si c’etait  un nouveau moteur , un nouveau cerveau, un cerveau inactif quand tu es conscient  et qui démarre une fois  que tu es déconnecté de la réalité présente
  et  grâce à ce " deuxième cerveau ",   à travers l’ histoire  que je vais te conter ,  que tu peux réarranger à ton gré ,   TU  vas  trouver  ou pas des solutions qui TE permettront dans le meilleur des cas  de retrouver une main normale   “
“ C’est pour cela que je te demande tes  goûts, tes meilleurs souvenirs , les choses qui t’intéressent , car avec cela je vais comme au cinéma construire un scénario  .   Il fait appel  à  ton imagination  qui va  se mettre en route pour trouver une happy end à ton problème  “
 

Ce  bref exposé -  simple mais déjà directif -  intéresse  vivement Vincent au point qu’on se dispense des recherches théoriques d’hypnosabilité  ( qu'on ne pratique d'ailleurs quasiment jamais )
 


PREMIÈRE SEANCE  15/11 /19    la DOULEUR 
 
induction
 
  facile chez l’enfant  et l’ado  dont l’attention " part " facilement pour peu qu’on lui propose
une "imago" familière
On se base donc sur ses souvenirs :
 
içi le  départ en randonnée sur un chemin qu’il aime parcourir en VTT , à pied 
 

  transe  hypnotique :  la métaphore de l’aiguille enlevée .
 
Transe  du latin transire :  aller au delà ,  au delà du présent vers une  réalité différente de l'actuelle  où le patient -actif - peut l’adopter , la refuser ,  la reconfigurer  à son gré.: Perceptude ( Roustang ) conscience élargie
 
Le thérapeute joue le rôle de passeur et non de guide comme dans la transe chamanisme :
il aide à  passer un obstacle , il n'impose aucun chemin  .
 
l’induction a permis le " déport" de la réalité  actuelle  vers cet ailleurs où la métaphore  dans la transe permet de  la recomposer avec la participation active du patient.
dans ce cas , les décharges douloureuses ont été  imagées  en aiguilles de pin que Vincent  peut enlever de sa main   à mesure qu’il chemine dans un bois où les branches de pin  le heurte  et le pique  et,  tout en marchant ,une par une , il  peut,  s’il le veut, retirer une aiguille de douleur   du membre douloureux  tout comme s’il enlevait  le dard de chaque  guêpe après chaque piqûre et chaque aiguille ôté est un dard enlevé , une douleur arrachée  .
Et il sait que bientôt le chemin boisé  va finir dans un champ herbeux  menant à la maison .
Il peut se reposer dans cet herbage, admirer les fleurs qui le parsème , regarder le bois qu’il vient de traverser ,   ce chemin semé d’aiguilles qui l'ont transpercé  comme le transpercent  les décharges douloureuses .
Il sait désormais qu’il peut enlever lui même ces aiguilles source de douleur  et chaque aiguille enlevée peut alléger , espacer ces moments douloureux  .
le jeu de la métaphore est de lui faire évoquer  puis mimer le geste d’ôter  une aiguille imaginaire et ce geste imaginé , cette répétition mimétique se substitue à la  réalité   et neutralise / enlève la charge douloureuse.
 
Travail post hypnotique 
 
Vincent a activement participé à cette transe comme en témoigne les différents mouvements idéo moteurs  qu’il présente lors  de cette séance . Il  revient au réel sans difficultés .
 
On débriéfe   : il a bien ôté des aiguilles de pin mais aussi une écharde  fichée dans son bras antérieurement , il  a aussi appliqué du vinaigre blanc sur des piqûres d’orties , autre souvenir  fâcheux  d'anciennes vacances  
 
Le patient ne suit pas forcément le scénario proposé et c’est tant mieux : son imaginaire , son vécu, prends le dessus et   à partir d’autres faits réels il construit un autre scénario  de " guérison ", de changement  .
 
On lui propose  tous les soirs avant de se coucher d’imaginer qu’il enlève des clous rouillés , un par un , d’une planche  et avec sa main valide de passer un coton  imbibé de vinaigre blanc  sur la main douloureuse et paralysée, en  attendant la prochaine séance programmée une semaine plus tard :
 
OTER  et GOMMER
 
Interséance 
 
-les trois premiers jours se sont passés sans modification notable de la symptomatologie  mais dès le quatrième  jour  les décharges s’espacent ,  il peut supporter un frôlement sans  que cela ne déclenche systématiquement une hyperalgie   ,  dont l’intensité s’’amenuise  elle aussi:
"si je n’y pense pas  trop ,  ça va "
- Il  a plus  d’entrain autant pour travailler que pour jouer , il est moins irritable disent les parents
" j’' imagine que j’enlève un à un les dards ,  une à une  à une les aiguilles de pin , je passe un gant de toilette imbibé du parfum de ma mère  et ça me fait du bien “
on synthétise  effectivement “  à chaque épine  , à chaque dard que  tu enlèves  c’est une une part de la douleur qui  diminue   et le gant  imbibé apaise la douleur permanente  , c'est comme si tu passait un chiffon qui enlève tout  " .
 
 
 
DEUXIÈME SÉANCE  22/11 :  la SENSIBILITÉ
 
On va poursuivre l l’atténuation de la nociception en  focalisant  sur la récupération de la sensibilité  tactile 
 
Induction
 
toujours facile :   on part du champ herbeux parsemé de fleurs de la séance précédente .
Il s’y retrouve vite .
 
transe hypnotique
 
on laisse Vincent se promener  dans cet espace fleuri   dont il peut  humer  et respirer    les fleurs  qu’il connait et qu’il aime :
Il peut prendre le  temps  qu’il veut ,botaniser à son gré ,  les regarder ,en choisir  deux ou trois  dont il aime la vue,  l’odeur , la couleur. et dont il pourra se souvenir - couleur , senteur - quand il voudra
on lui propose ensuite de simplement les effleurer  avec la main malade , et d'observer    le niveau de douleur éprouvée .
au bout de trois ou quatre essais , le geste initial de retrait induit par l’hyperalgésie  persistante  s’atténue :
 
peut être peut il confirmer  cette amélioration en levant un doigt de la main valide ?
il le fait . ( soulignement )
 
ceci fait on recommence deux ou trois fois avec d’autres fleurs qu’il choisit à son gré.
l’effleurement se passe de mieux en mieux .
on lui propose  maintenant de toucher les fleurs une par une ,  de les  sentir  et de n’en garder que celle qui lui plait le mieux .
on lui propose ensuite  d’imaginer la porter avec la main malade   à hauteur de visage et de bien s’imprégner de son parfum,d’en garder la couleur  et maintenant   à lui d’imaginer et de trouver   ce qu’il pourrait faire  de ces fleurs cueillies   .
on le laisse 5’ environ en silence dans cette recherche:
les signes idéomoteurs montrent  l’intensité de l’activité mentale .
On termine la séance par le retour à la maison de vacances toute proche en suivant  le chemin ,  " par le moyen qu’il veut " à pied , en vtt , à cheval  et il revient progressivement   içi maintenant sans difficultés .
 

On recueille ses impressions :  il s’est promené dans le champ a repéré les fleurs qu’il connait , celles qui sont dans son herbier , d’autres inconnues encore :  les a senti , choisi quelques unes pour coller dans son livre   il a fait   quelques bouquets aux assortissements variés .
 

- le soulignement des tâches marque  l’importance de l’implication du patient  dans la construction et le suivi du processus thérapeutique
 
la sollicitation simultanée de plusieurs sens  nous a toujours paru  un élément  déterminant dans la réussite d’une séance , sans doute par l’association de plusieurs    aires cérébrales , la sollicitation de plusieurs réseaux neuronaux .
 
On lui propose de dessiner une main   et tous les soirs de la colorier avec la main valide  avec du rouge , jaune , bleu selon l’intensité  de la douleur
Selon la perception , ajouter  un signe + ou - selon le degré de sensibilité éprouvée  lors de cet exercice 
 
Interséance
 
il a bien dessiné la main  et suivi un jour ou deux la prescription post hypnotique mais en fait rapidement il  a repris un ancien cahier de dessins et à colorié  quelques fleurs choisies selon le ressenti de douleur et sensibilité
puis il s’est attaché à ne peindre que de fleurs bleues    " car si je  ne peins que des fleurs bleues  tout va mieux  mais  je varie les teintes  “
et de fait huit jours après amélioration très sensible : les douleurs paroxystiques s’espacent  de plus en plus , et la sensibilité  de la main touchée  s’améliore aussi : il s’amuse à toucher  des objets les yeux fermés  et les reconnait de plus en plus souvent .
en fait il a  délaissé  rapidement la proposition post hypnotique  et la recompose à son gré  mais toujours  dans une perspective d’amélioration .
 
c’est l’ essence  du TRAVAIL en HYPNOSE médicale 
 
MOTRICITE
 
huit jours après 29/11
 
un rapide examen clinique  montre :  pas de douleurs en éclair à l’effleurement , contact modérément douloureux ( 3/10  échelle de Hamilton ),  une amélioration de la sensibilité  de la main  à l’epreuve du chaud/ froid, et de la  piqûre , mais préhension toujours impossible .
 
on fait un rapide survol des deux premières séances  en lui faisant décrire  les sensations qu’il éprouve comparativement au début de la thérapie
On lui explique que maintenant on va s’attacher à la motricité , c’est à dire au jeu des doigts , aux mouvements de la main , à l’adresse donc,  qui lui servira pour ses jeux  traditionnels  et les manettes de  ses  jeux vidéos .
 
Mais plus que  d’un jeu vidéo , on part  du souvenir d’un train électrique qu’il  a eu jadis  et qu'il peut visualiser .
 
Induction  rapide  centrée  sur les divers jeux dont il se souvient  dont ce  train électrique oublié dans un coin de grenier .
 
Transe :
 
on lui propose donc  de remettre en route  ce vieux train électrique , la gare , la locomotive , les wagons , les aiguillages , le chef de gare,les mécanos ,  les passagers etc  . Ce  “ paysage ”une fois  bien " installé  " on lui propose de l’animer ,  de créer des circuits différents par l’agencement des rails  ,  de mettre le train en marche ,  de choisir la voie , d’ouvrir et fermer le aiguillages ,  prendre voyageurs et marchandises ,siffler le départ ,  arrêter ,  repartir , changer de voie etc
 
aux mouvements du corps  , le paysage proposé s’anime   et Vincent  “joue “ .
 
On alterne silences  et séquences actives 
Au bout de trente cinq minutes environ  on le ramène içi et maintenant .
On lui propose de le revoir sous huitaine  et de faire le point à ce moment là
 
On est alors début décembre
 
On revient sur la dernière séance :
 
en fait il a déballé le train du carton ,a commencé - avec difficultés - à agencer un circuit  en s’aidant de la main gauche “ ça été difficile ,  j’ai laissé tomber plusieurs fois les rails ,les wagons ;  j’ai eu du mal à les assembler  ,à mettre la loco ,  cela m’a fatigué alors j’ai  revu le  train électrique d’un  jeu video , je me suis mis à la place de l’aiguilleur , du mécano , du chef de gare  et  et j’ai refait  en esprit leurs  gestes avec les deux mains puis  avec la  seule main gauche “
 
Il s’est éloigné du scénario proposé , a retrouvé le virtuel ,  mais a saisi  le sens .
 
l’examen clinique confirme  l’amélioration  de la douleur  les décharges électriques se font rares ,  le fonds douloureux permanent est bas  ( 3/10 échelle d’hamilton ) la sensibilité  tend vers la normale ,  doigts et main retrouvent un jeu faible encore mais net .
 

Pas de nouvelles séances   on lui conseille  de poursuivre avant de s’endormir quelques uns  des exercices conseillés lors de ces trois séances ;
 
Chez cet enfant qui aime les cours de SVT on revient  encore un peu sur l’histoire de l’hypnose ,
quelques découvertes de neurosciences  et surtout sur la philosophie de l’hypnose médicale :
 
Sous le conte , la métaphore , l’histoire , trouver ou fabriquer  les” briques “ de la ” guérison “
 
La description sommaire  et  sèche  de ces séances  ne rends pas la richesse de l’échange , l’intense réaction de Vincent pendant chaque  séance .
 
  Revu en septembre 2020 , au retour de ses vacances d’été dans la même station des Hautes Alpes :
 
- l’année scolaire  a fini sur un sans faute  et  de bons  résultats
Pendant les vacances d'été , l a pratiqué ses activités favorites   rafting , parcours aventure dans les arbres ,vtt ++  il  n'a cependant pas  repris “  le chemin les guêpes “ mais a continué“ les randonnées  "mais je fais attention où je marche “ Il garde une appréhension des guëpes mais sans phobie il sort , dejeune dehors sans problèmes
 
le fond douloureux    a disparu  assez vite pendant l'année scolaire  et les douleurs “neuropathiques,” en éclair encore plus vite  ,  sensibilité et motricité sont aussi redevenues rapidement normales  tact , prehension , force musculaire revenues
 
la zone de piqûre primitive  reste cependant toujours bien  visible .
 
Il a continué pendant environ  un mois (?) à colorier de façon intermittente , à frotter sa main avec le gant imbibé puis a arrété   et a  cessé de penser à son problème et aux seances .
Il s'agit d'une rencontre informelle et non d'un examen clinique .  Il indique cependant ( septembre 2020) une zone d’hyposensibilité franche -retrouvée au chaud/ froid et à la piqûre -sur  une zone retro- auriculaire gauche de la taille d’une ancienne pièce de cinq francs ,  remontant sur le lobe de l’oreille correspondante  qu’il avait  , dit il, dès le début mais qu’il n’a pas signalé car" cela ne le génait pas " 
Il s’agit  d’une atteinte du grand auriculaire , branche du plexus cervical  signant un dissémination plus importante au delà  du plexus brachial
On ne fait pas de recherche plus exhaustive , ne voulant pas raviver le passé.
Il se souvient très bien de l’épisode initial ,  beaucoup moins des séances d’hypnose  qui pour lui sont d’un passé  déjà bien  lointain .
. Et c’est tant mieux .
 
Dans la  littérature médicale  on trouve  peu de  descriptions cliniques de neuropathie périphérique post envenimement,  encore moins traitée par hypnose médicale .
L’Hypnose  est pourtant un procédé utilisé dans le traitement de neuropathies périphériques
L’AFNP ( association française contre les neuropathies périphériques ) en fait mention dans le traitement non médicamenteux de la douleur neuropathique .
les Centre Anti Douleur utilisent régulièrement l’hypnose en complément des autres  thérapeutiques pour cette pathologie  et d’autres syndromes douloureux .
 
DISCUSSION
 
Cette observation montre que chez l’enfant cette méthode peut être utilisée non seulement en complément mais avant une chimiothérapie lourde  , celle çi  prenant le relais en cas d’échec .
 
Pour le neurologue clinicien , cette observation isolée n’apporte rien  de nouveau
 
Pour l’hypnothérapeute médical elle mérite quelques commentaires
 
Tout d’abord il ne s’agit pas içi   d’ “ hypnose distractionnelle” telle que pratiquée en hypnoanalgésie et hypnosédation pour interventions  et soins courants.
Cette “hypnose  distractionnelle “  se limite à éloigner le sujet de l’acte ou du soin en cours : hypnose passive  que peuvent fort bien remplacer  les casques de réalité virtuelle et leurs contenus planants
 
Il s’agit dans ce cas   d’une hypnose active où le patient  non seulement s’éloigne du réel mais va “ créer un nouveau réel  “ selon l’heureuse formule de Melchior
Il s’agit aussi içi , contrairement à l'accoutumée ,  d’une hypnose directive   bien adaptée aux habitudes  de travail scolaire de cet  ado :
Chez un adulte on aurait laissé plus de  choix par des scenarii permettant de choisir , de sélectionner   parmi  les pistes de travail soulevées  celle qui émerge   et s’impose  comme la plus adaptée à son problème :
le patient se substitue alors  au hasard
en ce sens comme on l’a déjà dit dans un article précédent :
l’hypnose est Darwinienne
 
Dans cette hypnose médicale,  la réalité virtuelle n’apporte rien de plus sinon des exercices post hypnose plus animés .
 
Dans cette démarche , le Patient  est un partenaire actif . Cela nécessite une bonne relation soignant/ soigné , une capacité imaginative créatrice de ce nouveau actuel qui fait solution  car si l’hypnose n’est pas thérapeutique en soi ,  elle peut cependant faire thérapeutique :
Le patient ne se contente pas simplement  de  REAGIR comme dans une thérapeutique classique ,
il AGIT
Cela est un  point essentiel de l’hypnose médicale:
Avec l'aide du thérapeute - passeur , le patient se dissocie ( transe ) de la réalité actuelle consciente qui s'élargit sur un champs de conscience présent mais ignoré ( subconscient pour certains ) . Dans cette toile de de fonds  il trouve les éléments du décor qui lui permettront - d'écarter l'aspect douloureux  et déficitaire - de reconstruire une réalité compatible avec une vie ordinaire ,  sensations et motricité retrouvées, sans doute différentes mais fonctionnelles .
Cette  action n’est pas constante , elle est faillible   et le cas Vincent aurait pu tourner court .
Cette non reproductibilité l’écarte du champ scientifique   , et la  place dans la subjectivité du champ des études humaines .
 
En reprenant  cette observation ,   le succès thérapeutique  a  sans doute tenu:
 
   d’une part
 
au delà de la nécessaire empathie ,
 
/à la bonne relation soignant / soigné (désir mimétique   , neurones  miroirs )
/ à la capacité du soignant à proposer un scénario compatible  à une  bonne compréhension / adhésion , en soulignant l’importance des scenarii tirés du vécu du patient .  
/ a la capacité de confiance du soigné ( crédivité  et non crédulité )
/ à la réussite sans doute de la première  séance  centrée sur la douleur :Elle a conforté la confiance de Vincent
 
d’autre part
 
le fait de commencer  à lever  ce premier  obstacle  , la douleur ,   a permis le déclenchement d’un processus libérateur  sur les troubles sensitifs puis  le déficit moteur , initiant une cascade thérapeutique que n’auraient fait qu’amplifier  les séances ultérieures .
.La composante émotionnelle , cognitive , comportementale  de la douleur née de la  lésion tissulaire est intriquée  avec  l’altération  organique ,  sensitive et motrice de la neuropathie   :
c'est le facteur primordial 
la remise en route d’un des  éléments essentiels  des systèmes régulateurs entrainant  les autres
la levée de la  douleur parait bien être le  primum movens 
le facteur psychique   est le starter de la  réactivation  en chaine  de ces mécanismes .
 
C ‘est ainsi qu’on pourrait comprendre le rôle de l’hypnose dans ce cas. 
 
Alain Lemoyne De Vernon
Docteur en Médecine
06000 Nice
devernon06@gmail.com
www. devernon.org
 
mis en ligne  Mars 2021
NEUROPATHIE PERIPHERIQUE  et  HYPNOSE
VINCENT  et la GUÊPE 
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