Et si la Porte s'ouvrait ?
Très libre commentaire d'un livre consacré à un aspect particulier d'un des grands monothéismes .
" le sexe d' Allah "
de Martine Gozlan Grasset 2004
ou plutôt la sexualité du Prophète
Martine Gozlan ne passe pour une pasionara de l'Islam d'aujourd'hui et elle est souvent traitée dans les pays arabes de pro sioniste.
Il ne s’agit pas dans ce livre de l’acte fondateur : la Révélation faite au Prophète , l’essentiel pour les Croyants qui suivent plus ou moins scrupuleusement les sourates ,hadiths recueillis par la tradition dont la somme fut fermée par les successeurs et est devenue texte sacré inaltérable au dam “ des musulmans eclairés “ qui aimeraient une relecture contextualisée du Livre .
l’aspect temporel , humain du Prophète passant derrière la récitation, et une grande part de la vie terrestre de Mahomet reste en arrière plan ,voire ignorée des pratiquants en dehors des anecdotes classiques , rapportées et enjolivées par des historiographes zélés .
Elle nous donne un livre sinon bien argumenté , au moins facile et plaisant à lire , surprenant pour le néophyte où l'Islam originel et son prophète apparaissent selon un eclairage different - et partiel - qui choquera bien des Croyants - mais qui a passionné autant ses biographes anciens que nos modernes sociologues ,historiens et psychanalystes arabes et musulmans, tant s'en degagent les vapeurs d'une sensualité bien souvent oubliée ou occultée .
Partant de la vie amoureuse du Prophète , elle élargit son propos à la Religion entière et survole la sexualité de mondes oubliées que la civilisation musulmane a pourtant ressuscité et dont elle oppose la sensualité primitive à certaines attitudes rigoristes revendiquées aujourd'hui, qui ne sont d’ailleurs pas spécifiques à la religion Musulmane : voir par exemple les Fondamentalistes chretiens des USA
A Partir du Prophète et de son environnement , à travers le Coran ( Recitation ) , la Sunna ( Tradition Rapportée ) à travers l'histoire et les textes des érudits , elle nous emmène dans un Orient passionné , parfumé et sensuel , plein de voluptés qui déborde largement la péninsule arabique pour retrouver les sources Summeriennes, Perso Byzantines; Grecques voire les influences Asiatiques , car la Mecque etait une voie de passage des caravaniers de la route du Sel ,des Parfums et de la Soie de la lointaine Asie jusqu'a à la Peninsule Arabique , le Maghreb et ensuite les terres Franques et Européennes .
A la lecture de texte , comment expliquer l'écartèlement de beaucoup d' adeptes actuels du Texte Sacré
-entre le sexe magnifié , le sexe réprimé voire violé ou nié
et le peu de distance qu'il y avait à l'origine entre la mosquée et l’alcove ?
Elle mets l'Islam en perspective
avec le Judaîsme : le Cantique des Cantiques ,issue lui aussi de la lointaine Sumer ,
la chair niée puis culpabilisée du Christianisme ,
sans oublier non plus le sexe - dieu , adoré de l'Indouisme avec ses divinités phalliques et féminines.
L' Islam est une des branches des autres monothéismes dont il est la dernière version , mais il méle aussi des croyances des tribus bédouines antéislamiques , de leur animisme et de leur pantheisme ; les Bédouins etaient de fervents adorateurs des divinites féminines et la Mecque etait un des lieux de rencontre non seulement des hommes du désert , mais aussi des marchands venant de la Perse antique et par delà de la lointaine Asie avant de se lancer à la conquète d'autrres cultures , d'autres horizons .
Il existe des racines Indouistes et Hellenistes : Platon , Aristote - ( voir Ibn Sina ) que la Civilisation Musulmane ne se contentera pas de copier mais - dans une période définie de l' histoire , qu’elle développera , notamment dans le domaine Arithmétique , Géometrique , Architectural , Médical , Cosmogonique et Poétique , avant le déclin intellectuel Arabo Persique qu'il serait interessant de replacer dans le cadre historico social et environnemental de l’évolution des Cultures et des Empires , car il est evident que les enrichissements Perses , Irakiens , Grecs sont aussi fondamentaux que les apports purement Arabiques .
et L'Islam est bien une synthèse bricolée de toutes ces cultures sémitiques , perses et autres que Muhamad a voulu unifier dans le Coran et ses successeurs dans la Sunna pour constituer une vaste Oumma où l'on retrouve trace de toutes les croyances anciennnes , réorganiséees dans un schema social nouveau , d’abord divers puis peu à peu restreint , codifié , judiciarisé et contraint par des versets que des disciples trop zélés ont ajoutés ou interprétés au gré de leurs desirs , des contraintes de peuples conquis , de leurs passions , de leurs intérets et de leur vision de la Societe fermée et Théocratique qu'ils voulaient.
dans le Livre Sacré on croise les réminiscences de toutes ces croyances.
que le Prophète intégrera avec plus ou moins de bonheur dans sa Prédication , reflet à la fois de sa vie spirituelle, sociale et sentimentale ,mais aussi des contraintes temporelles , des réalités de l'époque et de ses conquétes , reflet terni très tôt sous l'influence negative de son premier disciple Omar, d’esprit bien différent de celui de son premier ami Aboubakar.
l'Islam passe ainsi d'une sensualié partagée , intellectuelle et érotique intenses à une viesociale et sexuelle extrément codifiées dont son compagnon Omar fût semble - t'il le premier instigateur : c'est lui qui est à l'origine de la si contestée sourate du voile d'abord réservé aux " Mères des croyants “ : les femmes de Mahomet ,objets de bien des convoitises -
Cela dérivera vite au hijab qui bientôt tombera sur l'ensemble des filles d' Allah, comme un voile pesant sur tout le mode de vie des Croyantes
et pourtant Le Prophèe est sensuel , magnétique , érotique et fort viril
Ce que reconnaissent tous les historiens , biographes attachés à sa vie:
d'Ibn Taradi ,aux modernes enfants de " Riffaa ," reformateur egyptien du xixème siècle :
" la volupté de l'alcove et la ferveur de la mosquée " s'enlacent alors pour forger un tempérament qui reflète la culture arabe de l'époque :
" sur la terre comme au ciel , le musulman est un amant "
Nous sommes loin de la caricature qu'en donnent certains aujourd'hui., pas si loin de la piété tranquille , familiale ,charitable et sereine du croyant pratiquant, se partageant equitablement entre ses femmes , s’il est polygame .
Très bref rappel dans cette introduction de la vie conjugale et sentimentale du Prophète avant d'enchainer en quatre chapitres l'etonnant ecartélement entre l' Islam originel et l'Islam couramment caricaturé de ce jour.,
de cette Terre au Paradis d' Allah
l' Historicité n'est pas le fort de ce livre mais bien la sensualité primitive de cette religion à metttre face aux redoutables interpretations littéralistes qui font loi aujourd’hui
" Epousez comme il vous plaira deux , trois , quatre femmes , mais si vous craignez de ne pas etre équitables prenez en une seule "
Jusqu' à la mort de sa première épouse , Mahomet restera monogame , dans un contexte où la polygamie n'etait pas restreinte
ceci tranche avec les moeurs bédouines du temps ,
Le sexe , dit Martine Gozlan ,va devenir , un peu avec lui , surtout après lui
/ principe de terreur avec lois et polices pour refouler l'omniprésence de la chair et
/ principe de plaisir où la beauté , l'intelligence et la culture sont lois du Sérail:
schize toujours actuelle qui perturbent bien des croyants .
Nous ne sommes pas loin des contradictions qui du Moyen Age à ce Jour ont aussi parcouru l'Occident Chretien
Mais deja , souligne encore martine Gozlan, la frustration est réservée aux pauvres , une seule femme au plus, faute d'argent , anticipant ainsi la misère sexuelle des milliers de jeunes chomeurs contemporains reduits a fantasmer l' Eros femelle, en révant de ghélams ou des fameuses houris du Paradis.
la Volupté est reservée aux riches marchands , aux lettrés aisés ou favoris des kalifes
Mais
quand le calife guerroie , que se trame -t'il derrière le moucharabieh?
rève hasardeux des miséreux mais crainte permanente de l'homme fortuné
et c'est la transe de l'Orgie , les Mille et une Nuits des orgasmes sans fin des Soirs d' Orient et son corollaire le grand massacre des vierges consommées puis tuéees chaque matin que seule l'intervention de Shéhérazade saurait arreter par sa maitrise du verbe et la seduction de sa domination .
principe de vie contre principe de mort : Conteurs et poétes Persans contre talibans et wahhabites saoudiens , salafistes algeriens etc
Et de citer ces quinze mille femmes et filles algériennes, , enlevées et violées dix siècles plus tard , jaryas ( esclaves ) soumises à une codification inouie de la copulation avant l'egorgement final, ajoute t ''elle.
"Assouvi dans un coït haineux , fantasmé dans un onanisme extatique , le sexe organise la furie des désaxés du Djiad actuel "
" Pour aimer encore sur ces décombres ,où erre désespéré Abdelwahab Meddeb , malade de la maladie de l'Islam , tel le prince Shariar ,il y aurait grand besoin d'une nouvelle Shéhérazade qu'on ne risque pas de trouver sous le Hijab de nos modernes voilées, frappéees d'aveuglement , d''ignorances religieuses et d'inintelligences de cette culture , de cette civilisation .
Ce sont d'autres femmes voluptueuses , cultivées et lettrées ; filles des Divinités antiques , que cherchent , malgré les ruines , tous ceux qui portent en eux la nostalgie des jardins de Bagdad , et l'echo voluptueux du prophète de Médine, rejoignant quelque part le panthéon Helléniste .
le décor ainsi planté , il ne reste qu'à enchainer les quatre chapitres de ce livre détonnant de sensualisme , roman plutôt qu'histoire mais cependant basé sur des faits avérés car contrairement aux autres grandes religions , nous avons des élément relativement solides sur la vie du Prophète, à la différence notammant du juif Jesus de Nazareth que déstructure toujours de savants exégètes aidés par les dernières découvertes archéologiques
Mais martine Gozlan n'explore que la branche Sumérienne , negligeant la branche Aramèenne ; au risque de detruire la synthése du corpus du Prophète , entre ascetisme et volupté , entre Ciel et Terre
Parmi les femmes du Prophète , d'abord la première :
Kadidja , l'hebraïque, la première aimée , de quinze ans son ainée . Cette puissante héritière de 55 ans ,lettrée , femme d'affaires avisée , riche, distingua Mahomet , Mecquois aussi , orphelin , pauvre , berger devenu un de ses caravaniers . Elle le choisit comme mari malgré les réticences de sa famille ,grace à une ruse bien féminine et l'imposa à la Mecque même , ville qui ne vit pas d'un bon oeil ni les Revelations ni les premières Prédications du Prophète . Malgré l'adversité elle l'aida , mère autant que femme et amante , trinitaire personnalité dont on ne parle que peu mais qui eut pourtant une influence essentielle
Le Texte est assez bref sur la vie pré-Mahomet de Khadidja : on sait qu'elle était veuve et lui fit 5 filles vivantes dont la celebre Fatima qui épousa Ali , le cousin de Mahomet et devint elle aussi par ce fait "mère des croyants "Chiites dont le schisme rapide avec les Sunnites n'est plus à rappeler.
Et là ; en depit des differences - epouse - mère - amante - on ne peut s'empecher de songer à Marie de la tradition évangélique , personnage tout autant occulté dans la tradition chretienne
car toutes deux restent asexuées pour les deux religions
Mais nous savons beaucoup plus du caractère de Khadidja qui sut subjuguer Mahomet, femme forte et libre .
Celui çi resta monogame lors de cette première union ce qui reste un fait assez exceptionnel dans ce monde tribal bédouin où la polygamie et la licence etaient de règle
Khadidja fut celle qui le conforta du temps des premières révélations lors des retraites qu'il aimait faire dans la montagne et où il rencontra Djibril, l'ange Gabriel qui l'instruisit , desert refuge des Nazoréens et des Nestoriens , qui s'etaient eloignés de Jerusalem la Biblique , de l'enigmatique aventure de Jésus et du Christianisme , juif d'origine que Paul -de Tarse - sut ensuite faire prospérer chez les Gentils jusqu'à ce que cette religion , séparée desormais du Judaîsme ,ne devint la religion officielle de l' Empire Romain et religion d’État pour des siecles .
etrange corrélation à quelques siècles près entre ces deux religions , l'une Romaine , l'autre Perso Arabique .
ce fut elle aussi qui l'encouragea pas seulement financièrement mais intellectuellement et psychologiquement lors de ses premières Predications à La Mecque , fief des Quaraychites , adorateurs des divinites femelles anteislamiques : Al Lat ,Al Uzza et Manat , heroines de Salman Ruhsdie , et divinités bédouines devant lesquelles s'inclinaient des milliers d'adorateurs au pelerinage de la Kaaba , principale source de revenus des marchands Mecquois.
loin de la Kaaba et des pélérinages d'aujourd'hui , fortement encadrés par les whahabites saoudiens.
en somme avant Allah , Dieu etait féminin dans cette portion du Monde
Et pourtant la sujétion féminine est bien présente dans l' Islam,
alors pourquoi ce fait qui nous parait une regression ?
-rejet des divinité femelles de Bedouins ? donc de la féminité
-besoin de s'extraire de la matrice féminine originelle ?
-Traces de la tradition patriarcale aramèenne , judeo chretienne ,- les Nazoréens - dont les représentants épars dans le desert ont certainement influencés Mahomet ?
cet ascetisme araméen tout autant que la volupteuse branche Sumerienne , si forte dans la tradition Bédouine , impregne le corpus de la doctrine de Mahomet.d’où la diversité des sourates et des hadiths .
Les riches marchands de La Mecque n'appréciaient guère donc les predications de Muhamad teintées d'abord de reférences bibliques et chretiennes et persistaient dans leur panthéisme .
Seule une partie du clan, une partie de la bourgeoisie aisée et surtout la grande masse pauvre , meprisée et oubliée de l'aristocratie bédouine etaient sensibles à la prédication de Muhamad et à ses nouvelles valeurs , tandis que le Prophète restait en butte aux quolibets des Puissants .
Ce dernier fait est primordial : Mahomet est d'abord le Prophète des Gueux , celui vers qui beaucoup d'abandonnés , d'humiliés se retournent :
Outre l'habileté guerrière dans les Conquètes , la façon de coexister avec la culture des peuples conquis et non de l'anéantir fusse au prix d’impots spéciaux et de servitudes diverses , tout ceci explique peut etre que cette religion soit désormais l'apanage d'une grande partie d'un tiers monde exclu du schéma occidental, référent actuel du culte de l’ image .
l'ecrivain algérien Amin Zaoui evoque cette periode pré islamique , epoque dite de l'ignorance - la Djahilia - selon l'Islam .
Elle aurait été pourtant une periode - au moins à la Mecque - d'une vie intellectuelle , spirituelle et poeéique très intense ,et les sérails etaient souvent distraits par les grandes joutes de contes, poésies,- et les joyeuses libations, l'ybris aussi au milieu de ce vaste caravanserail où se cotoyaient les diverses caravanes venues d'horizons differents et qui par leurs impots enrichissaient les chefs de clan de la Ville et par leurs apports de bijoux , d'encens et de parfums contribuaient à la vie enchantée d'une partie de la cité.
On ne peut s'empecher d'evoquer les cours d'amour du Moyen age chretien , d'origine arabo-andalouse
Mais Zaoui est obligé de constater que de ces temps anciens , de cette ancienne opulence d'idées , de sensualité il n'en reste rien :
desormais " ces merveilleux pieux ou impies ,habités par l'amour des Déesses , des femmes , du doute et du vin , ils sont desormais nulle part , cherchant pour l'eternité leur belle Kaaba confisquée , enlevée , par la force du UN , le Un unique qui les desespère "
Khaayyan n'est pas loin,
mais les Jouissseurs de la nuit ne sont désormais plus les assidus de la Prière de l' Aurore
remplacés par les grands pretres d'un Temple desormais voué aux multiples codifications d'une Loi rigidifiée
qui n'est guère tendre au Monde Féminin , si bien chanté dans l'antique Summer où regnait la ferveur de la Fécondité et de la représentation féminine
qui se répandait alors dans tout le désert et enchantait les tribus bédouines .
loins aussi sont la force et la liberté de la première femme du prophéte dont se reclament souvent les féministes de ce monde musulman , à la recherche de leurs droits fondamentaux .
et cette force du UN , forcément mâle , c'est Mahomet qui veut paradoxalement en apparence desormais l'incarner et l'imposer aux adorateurs des" uterus " sacrés
et pour cela il tente de jouer du dédain tribal pour le troupeau femelle ordinaire car si la femme etait chantée et respectée c'etait par une élite riche et lettrée dont elles faisaient corps et non par l'immense masse populaire où la femme n'avait qu'un statut servile.
Muhamad s'est d'abord appuyé sur les petits ; on l’a vu :
Mais ce sera avec difficultés car le culte millenaire de la fertilité a la vie dure dans les tentes bédouines groupées ou disseminées dans le désert.
Depuis Sumer et la sensuelle Inana , l'une des clés de l'univers moyen oriental est le grand mystère féminin divinisé et représenté à l'infini
les juifs comme les chretiens se sont heurtés à ce torrent de croyances animistes
; ils feront tout pour le contrôler , quitte à en absorber une partie : Mahomet lui même faillit craquer mais les " versets sataniques " furent cependant abrogés .
Allah est desormais le plus grand .
Ce qui intrique malgré tout c'est que Khadidja - au contraire de Marie - est à l'image des déesses :
une intello , une sensuelle, une femme libre , qui n'ecoute que sa loi : celle qu'il lui plait , la Sienne.
Mais rien des ardeurs de Khadidja n'est rapporté par le Coran, rien n'est gardé par la Tradition devenue Religion
On peut s'interroger comme martine Gozlan , comme beaucoup d'analystes :
-Serait - elle l'expression rejetée d'un desir feminin plus fort que le desir masculin ?
-Serait - elle un reflet de ces déesses mecquoises et comme elles , a- t'elle su dompter le flot de la passion de Mahomet ?
-Serait - elle en fait le reflet d'une conjugalité où la femme forte de ses droits de ses desirs est l'egale de l'homme ?
le psychanalyste Fetih Benslama observe que la force de la première femme de Mahomet s'appuie sur le fait que Mahomet croit en elle tout comme les Mecquois croient aux divinites femelles
Mais il etablira après la mort de Khadidja une ligne infranchissable entre cette relation amoureuse et les suivantes
S'il ya changement radical , ce n'est pas celui du principe féminin , c'est celui de la pensée de Mahomet ,
amplifié par ses successeurs ,rupture brutale et fatal obscurcissement de la femme qui n'enlève rien au
statut de première femme libre et egale qu'avait Khadidja
d'où sans doute ce relatif silence sur elle ?
Après sa mort ; Mahomet fut pressé par son entourage de se remarier : il avait on l'a dit 5 filles et la maisonnée avait besoin d'une femme :
et pour son coup d'essai il fit le coup du roi ;un doublet:
- pratique , il choisit la fade Sawda , toute dévouée
- amoureux , il choisit Aïcha , fille de son ami Aboubakar , alors agée de 9 ans mais il ne la deflora qu'après ses premières menstrues , à l'age de 13 ans disent les hagiographes .
C'est le début de la période polygame de Mahomet à qui la tradition accorde environ onze epouses
" Epousez comme il vous plaira deux , trois , quatre femmes , mais si vous craignez de ne pas etre équitables prenez en une “
il reduisit cependant la polygamie à un seuil acceptable en ce temps , en cet espace .
et oublier ce contexte des puissantes tentes du Désert , leurs multiples excès , c'est oublier aussi que Muhamad , Homme d'un Temps , Homme de ce Désert , s'employa à en réduire certaines inégalités , fusse au prix d'une Loi , la Loi Coranique , puis la Sunna , qui aux mains d'extrémistes , devint psychorigide et contraignante et cette Religion - comme toutes les Religions se laissera entrainer- de son vivant- mais surtout par les successeurs , à inclure dans sa doxa , une partie du syncrétisme des peuples conquis au fil de l’épée., d’où une variété d’ hadiths de circonstances , récités comme la vérité révélée .
Sa première femme perdue , ainsi que son principal appui , un de ses oncles , pendant 3 à 4 ans la vie fut rude pour Mahomet à la Mecque toujours dominée par les Quaraychites aussi meprisants et qui de plus reprochaient à Mahomet d'utiliser les symboliques juives et chretiennes contraires à la tradition arabo bedouine
années de frustrations et crises 619-622 :
Mahomet émigre alors à Medine où se fera sa veritable transformation en chef de guerre , en chef de religion, en Législateur aussi
d'où la difficulté actuelle de l’Islam à séparer la Loi de Dieu et le Corpus fondamental de la Morale Humaine Universelle , dont les éléments fondent , pas seulement la Démocratie Occidentale , mais tout mode de cohabitation humaine adapté à la différence de chaque Population et de sa Civilisation , en respectant les droits premiers de chacun de ses ressortissants .
Le prophéte s'extrait de la matrice Mecquoise pour fonder l'Oumma , l'ordre neuf de la communauté musulmane et la tranformation de ce nouveau Mahomet est sidérante par rapport à la période Mahomet - époux de Khadjida
C'est alors la periode Guerres et Voluptés :
Eblouissement devant la splendeur sublime d' Aicha la rousse ," la seule qu'il eût vierge" Aicha la jalouse aussi , dont l'union avec Mahomet enchante encore beaucoup de musulmans sensibles comme Muhamad à sa beauté , à son esprit , à sa sensualité: Aicha source d'innombrables commentaires , source toujours renouvelées de fantasmes males
Mais malgré l'eclat d'Aicha d'autres epouses vont suivre ,
Chacune le reflet de des multiples facettes de sa personnalité ?
Et parallèlement on commence à avoir une codification , non de l'amour mais de la copulation
" Il est convenu de se couvrir les reins , la tete et les épaules car c'est ainsi que copulait l'envoyé de dieu , étouffant au moment orgasmique le son de sa voix et disant à son epouse " reste tranquille " ....
diable ! que dirait nos femmes libérées ?
les nuits du harem rythment desormais les versets du coran .
Martine Gozlan rappelle aussi que le troc des nuits de la fade Sawda serait à l'origine du verset dit de la reconciliation:
" quand une femme redoute l'abandon et l'indifference de son mari , nul peché ne leur sera imputé s'ils se réconcilient vraiment . car la réconciliation est un bien "
voila semble t'il la separation ou le divorce par consentement mutuel légalisé .
Mahomet est là un precurseur , au moins un habile dialecticien du ciel et du lit
Vint aussi la célebre Zeinab, femme interdite , exemple des casse tête theologiques
pourquoi ?
par ce qu'elle est deja - non seulement mariée - mais surtout la femme de Zaid ,fils adoptif de Mahomet
la comparaison s'impose tout de suite avec David et Bethsabée , epouse d' Uri
Mais au lieu d'envoyer Uri se faire tuer au combat et épouser ensuite Bethsabée , en gardant le remords de sa culpabilité ,
Mohamet plus malin , trouve à point un hadith celeste :
" quand Zaid eut cessé tout commerce avec elle , nous te l'avons donné pour femme afin qu'il n'y ait pas de faute à reprocher aux croyants au sujet des epouses de leur fils ( S 33 v 37)
et en renfort un autre verset interdit l'adoption....
en somme :
la culpabilité chretienne face au desir humain sanctifié par Dieu ...
au travers de cette facilité on peut remarquer que cette religion tient compte du Désir charnel , ne le nie pas mais l'apothéose :
et c'est ainsi que le Coran et la Sunna sont la preuve de la relation etroite entre le sexe et le divin en terre d' Islam
- au moins pour l'homme , car pour la femme ce sera bientôt tout autre chose ....
Chaque fois que le prophète rencontre un conflit entre désir et croyance un verset celeste y pourvoit rapidement par une solution coranique :
/David se ronge de remords
/Mahomet prend son plaisir sans entraves
On passe rapidement sur les autres femmes de Mahomet , en citant cependant
le mariage de convenance: Hafsa et les nuits tranquilles, fille de son nouveau compagnon Omar , veritable Paul de Tarse de l'Islam qui non seulement ouvrit à Mahomet les portes de l'aristocratie bedouine , mais ferma surtout helas celle d’un joyeux Coran .
mention particulière à Ulm Salma , intello libre à qui on doit quand même la reconnaissance des femmes dans le Livre
Il y eut aussi Marie la Copte et et la juive Safya , montrant ainsi l'eclectisme et le non sectarisme du premier Mahomet
ainsi que sa grande vigueur sexuelle egalant celle de " quarante hommes "
les historiographes sont aussi des hommes passionnés et fascinés par Mahomet
De tout ceci Mahomet tire une profonde connaissance pratique de la psychologie féminine que Aicha la jalouse mit à rude epreuve
" Le dieu musulman est le seul dieu monothéiste a avoir choisi un prophète qui reflechit tout haut sur la séxualité et le désir "
s'exclame Fatima Mernissi , célebre feministe marocaine
et de fait Mahomet fût sans doute l'ancetre de nos sexologues
le Prophète ne règle pas seulement les rivalités sexuelles de son Harem mais aussi celles de toutes femmes délaisséee ou mecontentes de leur maris et les versets pleuvent à l'appui de ses conseils :
" celui qui tient la main de sa femme, Dieu lui enregistre un bienfait et l'eléve d'un degré , s'il l'etreint , il lui enregistre dix bienfaits , efface dix peches et l'eleve de dix degres , s'il l'embrasse , il lui enregistre vingt bienfaits , efface vingt peches et l'eleve de vingt degrés . S'il la prends , il aura de grands biens sur la terre"
Comment ne pas penser souscrire à un tel hadith ?
Le Coran combat la chasteté comme le christianisme combat la sexualité
Mahomet connait aussi la lassitude de l'homme comblé et fatigué des exigences de ses nombreuses epouses:
Le serail et son ivresse peuvent etre fatiguants d'où ce hadith plutôt désabusé :
"vivre seul est une assurance de tranquillité .Avec l'ébullition provoquée par les femmes il n'y a pas de tranquillité "
Entre les joies du harem , et la nostalgie de l'ascetisme du desert bédouin, l'alternance entre le triomphe d' Eros et celui d' Allah est toujours d'actualité .
Chef de guerre aussi aussi , il prevoit le mariage de pure convenance " al muta "
repos du guerrier à une condition :
" versez le douaire prescrit aux femmes dont vous aurez joui "
préfiguration de la prostitution sanctifiée sinon légalisée ?
Il est juste de noter qu'après sa mort Omar le triste abolira ce mariage de jouissance.
Ce qui amène au premier plan ce disciple , violent et redoutable guerrier , epoux d'une très belle femme qui le trompa copieusement , d'où sans doute son aigreur du sexe feminin.
Son influence - à la difference d' Aboubakar - , ami d'avant la Révelation et père d' Aicha - vient du fait que non seulement il fut un redoutable chef de guerre à l'origine de la " reconquète " de La Mecque -qui se passa de façon fort pacifique en fait - mais de son origine aristocratique et de sa grande influence sur les Puissants de la Ville Sacrée qu'il amena à reconnaitre en Mahomet le Prophète .
Mais son ire contre la gent féminine ne diminue point et bien qu'il ait donné une de ses filles à Mahomet , il est à l'origine du verset qui permet à l'homme de battre sa femme , revanche sans doute sur son infidèle épouse ....
Il fut aussi à l'origine du Verset sur le voile des " mères des croyants " arbitrairement étendue à toutes les femmes de l' Islam .
Les Femmes de Mahomet etaient en effet l'objet de la curiosité et du désir de nombreux hommes qui venaient écouter la Predication ou chercher des conseils .
et c'est ainsi que le Hijab tomba non seulement à Médine sur les femmes du Prophète mais sur toutes les femmes de l'Ouma em même temps qu'une serie d'hadiths vint restreindre leurs droits et leurs libertés.
Fatima Mernissi ainsi que nombre de modernes essayent ou ont essayé de sortir Mahomet de ce carcan qui à vrai dire ne lui ressemble pas
donc à à reconcilier la Foi et la Chair comme du temps du Prophète mais hélas , les nombreux modernistes se heurtent aux litteralistes enfermés dans la récitation des mots du Livre , hors de tout contexte, transformant la métaphore en porte tombale .
Après les femmes du Prophète , Martine Gozlan nous emmène à la terre et au paradis d'Allah :
Terre Sumérienne , orgiaque et voluptueuse que le pratiquant d'aujourd'hui aura peine à retrouver dans le Livre sacré sinon sous la forme de traces et de reflets mais fort bien decrits par les biographes du 9ème siècle .
Elle conte en effet plaisamment les folles orgies , les nuits de beuveries, de poesies aussi , qu'a chanté le perse Khayyaam , une terre peuplées d'ephébes - les ghilams - et de femmes ressemblant fort aux houris celestes si ce n'etait leur sensualite debridéee , gaillarde et voluptueuse que nous laissons aux lecteurs de martine Gozlan le plaisir de decouvrir
- Paradis où se mèlent houris et nombreux ephèbes :
Si l'Islam condamne l'homosexualité; cette " abomination " , force est de constater qu'il existait beaucoup de favoris du temps de Mahomet dans les tribus du désert et que l'homosexualité pour etre interdite et reprimée en terre d'Islam y est de nos jours courante et reprimée
C'est un des multiples non dit de l' Islam, retrouvant ainsi l'universalité de cette pratique .
Mais les houris femmes désincarnées peuplent aussi ce vert Paradis
toujours vierges , elles repondent sans se lasser aux innombrables etreintes des heureux élus dans un orgasme toujours recommencé , tout aussi clairement fantasmé par les nombreux " martyrs " qui s'emmaillotent le male sexe pour les honorer avant de s'exploser en kamikazés de la noble Cause .
et Les Femmes dans tout ça ?
Si on leur reconnait leur place au Paradis , on ne sait trop quel est le sort qui leur est dévolu entre ephèbes et courtisanes .
et malheureusement peut etre plus souvent hors du Paradis sans doute pour rançon de leurs nombreux pechés supposés ?
Nous sommes loin de Mahomet et de sa bienveillance d'où le desir sans doute de nombreux modernistes de vouloir réintroduire le Mahomet de Chair dans le Coran et de rétablir les femmes dans tous leurs droits et toute leur dignité.
Mais nous laissons le lecteur à ces chapitres voluptueux et gaillards où martine Gozlan croit trouver le veritable Islam à l'opposé des sinistres Djihadistes , à l'opposé aussi d'un Occident décadent dont l'hyperpuissance cache mal la misère autant spirituelle qu'intellectuelle et charnelle malgré son pouvoir attractif qui fascine souvent un Orient déstabilisé , miné par un immense complexe d'inferiorité depuis la décadence du Grand Empire Islamique , le Califat toujours révé.
Pour Conclure ,
En focalisant un seul aspect du Prophète Muhamad , martine Gozlan risque d'occulter la portée réelle d'un homme à l'origine d'une culture et d'une civilisation désormais quasi universelle , qui fut riche d'enseignements spirituels et 'intellectuels
Elle prends le risque de braquer une grande partie des Croyants de cette religion , plus encline à retenir toute la portée littéraliste de la Doctrine telle qu’elle a été secondairement figée
Elle donne aussi un aspect très parcellaire de l’Islam originel , dédié aux seuls plaisirs du prophète, à un moment où se multiplient les dérives haineuses d'un monde en jachère tant physique que spirituelle , délaissé , humilié par un occident surmédiatisé . Et certains sont tentés de draper misère et colère sous les plis d'un Islamisme loin de la pratique de la majorité des Croyants .
elle retrouve néammoins la branche Sumérienne - un peu oubliée -du corpus du prophète
et elle oppose
la poésie , l'érotisme , la volupté du contexte historique des premiers textes sacrés
à l'enfermement , au carcan de certaines sourates du Coran et des hadiths de la Sunna , littéralisé et figé 1/4 de siècle après Mahomet une fois exclues les versions dites divergentes ,
à l'exception notable des Chiites qui s'insurgent encore contre cette lecture unique.
Les Modernes eclairés au sens de Voltaire s'insurgent aussi de la répétition des récitations enferméees dans un littéralisme etroit qui ne laisse aucune echappée aux racines de l' Islam , cachéees sous un Fiqh ( droit ) musulman codifié dont les règles s'egrénent dans la Charia.
Elle fait l'impasse sur la branche Aramèenne , la tradition judéo chretienne ( les Nazoréens )- , hétérodoxes épars dans le desert et pourtant bien presentes dans la Révélation et la prédication de Mahomet
Elle oppose cette période supposée de liberté , de délices à à la farce sinistre actuelle de certains qui se parent d’un Islam dévoyé pour masquer leurs archaïsmes , leur rejet des droits universels, mais aussi leurs violences , au risque de donner à cette Religion une seule face qui ne la résume pas
D'autres Fondamentalistes de croyances différentes ne leur cédent en rien dans l'intolérance et le rejet .
Pour dépasser le plan sexe et voluptés de M Gozlan , on pourrait ajouter :
que cette opposition manichéenne entre l'Islam primitif riche de tous ces apports et l 'islam actuel replié sur "ses vérités " risque de faire oublier que cette Religion est pratiquée par nombre de croyants dans sa simplicité , sa piété , musulmans amoureux du ciel comme de la terre , habités par la Charité.
Cependant l’Islam traditionnel n’est toujours pas passé par le crible d’une relecture actualisée , contextualisée , comme les autres livres sacrés . Les sourates dites de la Mecque sont plus d’inspiration spirituelle que celles de Médine , volontiers guérrières violentes sans parler des Hadiths rajoutés par la tradition Sunnite , contemporains de la période d’expansion brutale de L’islam dont une part de ces hadiths reflétent la violence inhérente à cette époque .
Cependant la grande foule de cette Religion, désormais une des plus importantes au monde , se passe de toute revisitation et la place d’un Islam “ laicisé “ , apaisé , ne parait pas etre d’actualité pour l’immense majorité des croyants de cette religion théocratique , désormais universelle , qui rythme la vie temporelle et spirituelle de ses adeptes par des préceptes , un fiqh et une charia adoptés par la diversité des populations qui s’y soumettent et dont peu ont reçu un enseignement eclairé de leur Foi .
La laÏcité est une construction juridique française basée sur la liberté de conscience et la neutralité de l'état face aux religions cantonnées dans l'espace privé .Elle reste une notion etrangère à la compréhension de la grande majorité des croyants de cette religion .
mars 2004
lemoyne de vernon
06000 nice
devernon06@gmail.com